Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 5-6.djvu/447

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peut-être, mademoiselle, car si c’est une trahison… l’avenir est effrayant… j’irai… si vous voulez… à votre place… pour…

— Pas un mot de plus, je vous en prie, s’écria mademoiselle de Cardoville en interrompant la Mayeux. Moi, je vous laisserais faire, à vous, ma pauvre amie, et dans mon seul intérêt… ce qui me semble dégradant… Jamais !…

Puis s’adressant à Florine :

— Va prier M. de Bonneville de faire atteler ma voiture à l’instant.

— Vous consentez ! s’écria Florine en joignant les mains, sans chercher à contenir sa joie ; et ses yeux devinrent aussi humides de larmes.

— Oui, je consens, répondit Adrienne d’une voix émue. Si c’est une guerre… une guerre acharnée que l’on veut me faire, il faut s’y préparer… et il y aurait après tout faiblesse et duperie à ne pas se mettre sur ses gardes. Sans doute, cette démarche me répugne, me coûte ; mais c’est le seul moyen d’en finir avec des soupçons qui seraient pour moi un tourment continuel… et de prévenir peut-être de grands maux. Puis, pour des raisons fort importantes, cet entretien de M. Rodin et du prince Djalma… peut être pour moi doublement décisif, quant à la confiance ou à l’inexorable haine que j’au-