Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 5-6.djvu/464

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— Les femmes et les enfants se plaignent, dit Djalma en interrompant Rodin, les hommes frappent.

— Toujours au bord du Gange, mon cher prince ; mais pas ici… Ici la société prend en main votre cause, l’examine, la juge, et, s’il y a lieu, punit…

— Dans mon offense, je suis juge et bourreau…

— De grâce, écoutez-moi : vous avez échappé aux piéges de vos odieux ennemis, n’est-ce pas ? Eh bien ! supposez que cela ait été grâce au dévouement de la vénérable femme qui a pour vous la tendresse d’une mère ; maintenant si elle vous demandait leur grâce, elle qui vous a sauvé d’eux… que feriez-vous ?

L’Indien baissa la tête, resta quelques moments sans répondre.

Profitant de son hésitation, Rodin continua :

— Je pourrais vous dire : « Prince, je connais vos ennemis ; mais dans la crainte de vous voir commettre quelque terrible imprudence, je vous cacherai leurs noms à tout jamais. » Eh bien, non, je vous jure que, si la respectable personne qui vous aime comme un fils trouve juste et utile que je vous dise ces noms… je vous les dirai ; mais jusqu’à ce qu’elle ait prononcé, je me tairai.