Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 5-6.djvu/474

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de toute la violence de l’amour maternel, que, s’il s’agissait pour vous de choisir entre une lâcheté ou la mort, elle vous dirait : « Meurs ! » quitte à mourir avec vous.

— Oh ! noble femme !… ma mère était ainsi ! s’écria Djalma avec entraînement.

— Elle !… reprit Rodin dans un enthousiasme croissant, et se rapprochant de la fenêtre cachée par le store sur lequel il jeta un regard oblique et inquiet. Votre protectrice !… mais figurez-vous donc le courage, la droiture, la loyauté en personne. Oh ! loyale surtout !… Oui, c’est la franchise chevaleresque de l’homme de grand cœur jointe à l’altière dignité d’une femme qui, de sa vie… entendez-vous bien ? de sa vie, non-seulement n’a jamais menti… non-seulement n’a jamais caché une de ses pensées… mais qui mourrait plutôt que de céder au moindre de ces petits sentiments d’astuce, de dissimulation ou de ruse, presque forcés chez les femmes ordinaires par leur situation même…

Il est difficile d’exprimer l’admiration qui éclatait sur la figure de Djalma en entendant le portrait tracé par Rodin ; ses yeux brillaient, ses joues se coloraient, son cœur palpitait d’enthousiasme.

— Bien, bien, noble cœur, lui dit Rodin en faisant un nouveau pas vers le store, j’aime à