Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 5-6.djvu/498

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vrai ton conseil ; M. Hardy saura tout… Maintenant, nous avons parlé des autres… parlons de moi… oui, de moi… car il s’agit d’une chose dont peut dépendre le bonheur de ma vie, ajouta le forgeron d’un ton grave qui frappa la Mayeux. Tu sais, reprit Agricol après un moment de silence, que, depuis mon enfance, je ne t’ai rien caché… que je t’ai tout dit… tout absolument ?

— Je le sais, Agricol, je le sais, dit la Mayeux en tendant sa main blanche et fluette au forgeron, qui la serra cordialement, et qui continua :

— Quand je dis que je ne t’ai rien caché… je me trompe… je t’ai toujours caché mes amourettes… et cela, parce que bien que l’on puisse tout dire à une sœur… il y a pourtant des choses dont on ne doit pas parler à une digne et honnête fille comme toi…

— Je te remercie, Agricol ;… j’avais… remarqué cette réserve de ta part…, répondit la Mayeux en baissant les yeux et contraignant héroïquement la douleur qu’elle ressentait, je t’en remercie.

— Mais par cela même que je m’étais imposé de ne jamais te parler de mes amourettes, je m’étais dit : « S’il arrive quelque chose de sérieux… enfin un amour qui me fasse songer