Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 5-6.djvu/518

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Connaissant l’endroit où elle trouverait le manuscrit, elle alla droit au bureau, déplaça le carton, puis, prenant dans sa poche une lettre cachetée, elle se disposa à la mettre à la place du manuscrit qu’elle devait soustraire.

À ce moment, elle trembla si fort, qu’elle fut obligée de s’appuyer un instant sur la table.

On l’a dit, tout bon sentiment n’était pas éteint dans le cœur de Florine ; elle obéissait fatalement aux ordres qu’elle recevait, mais elle ressentait douloureusement tout ce qu’il y avait d’horrible et d’infâme dans sa conduite… S’il ne se fût agi absolument que d’elle, sans doute elle aurait eu le courage de tout braver plutôt que de subir une odieuse domination ;… mais il n’en était malheureusement pas ainsi, et sa perte eût causé un désespoir mortel à une personne qu’elle chérissait plus que la vie ;… elle se résignait donc… non sans de cruelles angoisses, à d’abominables trahisons.

Quoiqu’elle ignorât presque toujours dans quel but on la faisait agir, et notamment à propos de la soustraction du journal de la Mayeux, elle pressentait vaguement que la substitution de cette lettre cachetée au manuscrit, devait avoir pour la Mayeux de funestes conséquences, car elle se rappelait ces