Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 5-6.djvu/559

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quoi ? Mille tonnerres ! me le direz-vous enfin ?

— Un homme qui a une maîtresse qui le tient au cœur comme vous tenait la vôtre, n’est plus un homme ;… dans l’occasion il manque d’énergie.

— Dans quelle occasion ?

— Buvons…

— Vous me faites boire trop d’eau-de-vie.

— Bah !… tenez ! voyez, moi.

— C’est ça qui m’effraye… et me paraît diabolique… Une bouteille d’eau-de-vie ne vous fait pas sourciller. Vous avez donc une poitrine de fer et une tête de marbre ?

— J’ai longtemps voyagé en Russie, là on boit pour se réchauffer…

— Ici pour s’échauffer… Allons… buvons… mais du vin.

— Allons donc ! le vin est bon pour les enfants, l’eau-de-vie pour les hommes comme nous…

— Va pour l’eau-de-vie… ça brûle… mais la tête flambe… et l’on voit alors toutes les flammes de l’enfer !

— C’est ainsi que je vous aime, mordieu !

— Tout à l’heure… en me disant que j’étais trop épris de ma maîtresse, et que dans l’occasion j’aurais manqué d’énergie, de quelle occasion vouliez-vous parler ?