Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 5-6.djvu/560

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— Buvons…

— Un instant… Voyez-vous, mon camarade, je ne suis pas plus bête qu’un autre. À vos demi-mots, j’ai deviné une chose.

— Voyons.

— Vous savez que j’ai été ouvrier, que je connais beaucoup de camarades, que je suis bon garçon, qu’on m’aime assez, et vous voulez vous servir de moi comme d’un appeau pour en amorcer d’autres.

— Ensuite ?

— Vous devez être quelque courtier d’émeute… quelque commissionnaire en révolte.

— Après ?

— Et vous voyagez pour une société anonyme qui travaille dans les coups de fusil.

— Est-ce que vous êtes poltron ?

— Moi ?… j’ai brûlé de la poudre en juillet… et ferme !

— Vous en brûleriez bien encore ?

— Autant vaut ce feu d’artifice-là qu’un autre… Par exemple, c’est plus pour l’agréable que pour l’utile… les révolutions ; car tout ce que j’ai retiré des barricades des trois jours, ç’a été de brûler ma culotte et de perdre ma veste… Voilà ce que le peuple a gagné dans ma personne. Ah ça ! voyons, en avant, marchons ! de quoi retourne-t-il ?