Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 5-6.djvu/585

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quand on compare ces beaux dortoirs, si sains, si chauds, à ces horribles mansardes glacées, où les enfants sont entassés pêle-mêle sur une mauvaise paillasse, grelottant de froid, ainsi que cela est chez presque tous les ouvriers dans notre pays !

— Et à Paris, donc, mademoiselle !… c’est peut-être pis encore.

— Ah ! combien il faut que M. Hardy soit bon, généreux, et riche surtout, pour dépenser tant d’argent à faire du bien !

— Je vais vous étonner beaucoup, mademoiselle, dit Agricol en souriant, vous étonner tellement, que peut-être vous ne me croirez pas…

— Pourquoi donc cela, M. Agricol ?

— Il n’y a pas certainement au monde un homme d’un cœur meilleur et plus généreux que M. Hardy ; il fait le bien pour le bien, sans songer à son intérêt ; eh bien ! figurez-vous, mademoiselle Angèle, qu’il serait l’homme le plus égoïste, le plus intéressé, le plus avare, qu’il trouverait encore un énorme profit à nous mettre à même d’être aussi heureux que nous le sommes.

— Cela est-il possible, M. Agricol ? Vous me le dites, je vous crois ; mais si le bien est si facile… et même si avantageux à faire, pourquoi ne le fait-on pas davantage ?