Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 5-6.djvu/596

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il fumait paisiblement une vieille pipe d’écume de mer.

— Bonjour, mon bon père, dit respectueusement le maréchal en embrassant avec effusion le vieil ouvrier, qui, après lui avoir rendu tendrement son étreinte, lui dit, voyant qu’il conservait son chapeau à la main :

— Couvre-toi donc, mon garçon… Mais comme te voilà beau ! ajouta-t-il en souriant.

— Mon père, c’est que je viens d’assister à une revue tout près d’ici… et j’ai profité de cette occasion pour être plus tôt près de vous.

— Ah çà, est-ce que l’occasion m’empêchera d’embrasser mes petites filles aujourd’hui comme tous les dimanches ?

— Non, mon père… elles vont venir en voiture, Dagobert les accompagnera.

— Mais… qu’as-tu donc ? Tu me sembles soucieux.

— C’est qu’en effet, mon père, dit le maréchal d’un air péniblement ému, j’ai de graves choses à vous apprendre.

— Viens chez moi, alors, dit le vieillard assez inquiet.

Et le maréchal et son père disparurent au tournant de l’allée.

Angèle était restée si stupéfaite de ce que ce brillant officier général, qu’on appelait M. le