Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 5-6.djvu/605

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songe guère… Remarquez aussi que notre homme ne parle absolument qu’au point de vue de son intérêt privé… Ne considérant que le côté matériel de la question… comptant pour rien l’habitude de fraternité, d’appui, de solidarité, qui naît inévitablement de la vie commune, ne réfléchissant pas que le bien-être moralise et adoucit le caractère de l’homme, ne se disant pas que les forts doivent appui et enseignement aux faibles, ne songeant pas qu’après tout l’homme honnête, actif et laborieux a droit, positivement droit, à exiger de la société du travail et un salaire proportionné aux besoins de sa condition ;… non, notre spéculateur ne pense qu’au produit brut ; eh bien ! vous le voyez, non-seulement il place sûrement son argent en maisons à cinq pour cent, mais il trouve de grands avantages au bien-être matériel de ses ouvriers.

— C’est juste, M. Agricol.

— Et que direz-vous donc, mademoiselle, quand je vous aurai prouvé que notre spéculateur a aussi un grand avantage à donner à ses ouvriers, en outre de leur salaire régulier, une part proportionnelle dans ses bénéfices ?

— Cela me paraît plus difficile, M. Agricol.

— Écoutez-moi quelques minutes encore, et vous serez convaincue.