Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 5-6.djvu/630

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ma vie à ces affections sans lesquelles, je l’avoue, je me sentirais faible et désarmé, car vous ne sauriez croire, Marcel, l’appui, la force que je trouve en votre amitié.

— Ne parlons pas de moi, mon ami, reprit M. de Blessac en dissimulant son embarras. Parlons d’une autre affection presque aussi douce et aussi tendre que celle d’une mère.

— Je vous comprends, mon bon Marcel, reprit M. Hardy ; je n’ai rien pu vous cacher, puisque, dans une circonstance bien grave, j’ai eu recours aux conseils de votre amitié… Eh bien ! oui… je crois que chaque jour de ma vie augmente encore mon adoration pour cette femme, la seule que j’aie passionnément aimée, la seule que maintenant j’aimerai jamais… Et puis, enfin… faut-il tout vous dire ?… ma mère, ignorant ce que Marguerite était pour moi, m’a fait si souvent son éloge, que cela rend cet amour presque sacré à mes yeux.

— Et puis, il y a des rapports si étranges entre le caractère de madame de Noisy et le vôtre, mon ami… son idolâtrie pour sa mère, surtout !

— C’est vrai, Marcel, cette abnégation de Marguerite a souvent fait mon admiration et mon tourment… Que de fois elle m’a dit, avec sa franchise habituelle : « Je vous ai tout sacrifié ;… mais je vous sacrifierais à ma mère ! »