Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 5-6.djvu/637

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se convaincre de l’horrible trahison de M. de Blessac.

M. Hardy chancela, un moment ses sens l’abandonnèrent… à cette horrible découverte, il se sentit pris de vertige, la tête lui tourna au premier regard qu’il jeta dans cet abîme d’infamie. L’abominable lettre tomba de ses mains tremblantes.

Mais bientôt l’indignation, le courroux, le mépris, succédant à cet accablement, il s’élança pâle, terrible sur M. de Blessac.

— Misérable !… s’écria-t-il en faisant un geste menaçant.

Puis, s’arrêtant au moment de frapper, il dit avec un calme effrayant :

— Non… ce serait souiller ma main…

Et il ajouta en se tournant vers Rodin, qui s’était avancé vivement pour s’interposer :

— Ce n’est pas la joue d’un infâme… que je dois souffleter ;… c’est votre loyale main que je dois serrer, monsieur ;… car vous avez eu le courage de démasquer un traître et un lâche.

— Monsieur ! s’écria M. de Blessac éperdu de honte, je suis à vos ordres… et…

Il ne put achever.

Un bruit de voix retentit derrière la porte, qui s’ouvrit violemment, et une femme âgée