Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 5-6.djvu/641

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où venaient d’entrer l’ouvrier en blouse et le maréchal de France en grand uniforme.

Alors, le maréchal, prenant les mains de son père entre les siennes, lui dit d’une voix si profondément émue que le vieillard en tressaillit :

— Mon père… je suis bien malheureux.

Et une expression pénible, jusqu’alors contenue, assombrit soudain la noble physionomie du maréchal.

— Toi… malheureux ? s’écria le père Simon avec inquiétude en se rapprochant.

— Je vous dirai tout, mon père…, répondit le maréchal d’une voix altérée, car j’ai besoin des conseils de votre inflexible droiture.

— En fait d’honneur, de loyauté, tu n’as de conseils à demander à personne !

— Si, mon père… vous seul pouvez me tirer d’une incertitude qui est pour moi une torture atroce.

— Explique-toi… je t’en conjure.

— Depuis quelques jours mes filles semblent contraintes, absorbées. Pendant les premiers moments de notre réunion, elles étaient folles de joie et de bonheur… Tout à coup cela a changé ; elles s’attristent de plus en plus… Hier encore j’ai surpris une larme dans leurs yeux ; alors, tout ému, je les ai serrées contre