Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 5-6.djvu/644

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tée par une violente rafale de vent, retentit au loin ; ce bruit était si imposant, que le maréchal s’interrompit et dit à son père :

— Qu’est-ce que cela ?

Après avoir un instant prêté l’oreille aux sourdes clameurs qui s’affaiblirent et passèrent avec la bouffée de vent, le vieillard répondit :

— Quelques chanteurs de barrières, avinés, qui courent la campagne.

— Cela ressemblait aux cris d’une foule nombreuse, reprit le maréchal.

Lui et son père écoutèrent de nouveau, le bruit avait cessé.

— Que me disais-tu ? reprit le vieil ouvrier ; que ce jeune Indien t’épouvantait ? Et pourquoi ?

— Je vous ai dit, mon père, sa folle et malheureuse passion pour mademoiselle de Cardoville.

— Et c’est cela qui t’effraye, mon fils ? dit le vieillard en regardant son fils avec surprise ; Djalma n’a que dix-huit ans… et à cet âge, un amour chasse l’autre.

— S’il s’agit d’un amour vulgaire, oui, mon père… Mais songez donc qu’à une beauté idéale, mademoiselle de Cardoville, vous le savez, joint le caractère le plus noble, le plus généreux… et que, par une suite de circonstances fatales,