Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 5-6.djvu/654

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cipaux meneurs de la bande ; les mieux vêtus de ces hommes portaient des blouses ou des bourgerons et des casquettes, d’autres étaient presque couverts de haillons, car, nous l’avons dit, un assez grand nombre de rôdeurs de barrières et de gens sans aveu, à figures sinistres et patibulaires, s’étaient joints, bon gré mal gré, à la troupe des Loups ; quelques femmes hideuses, déguenillées, qui semblent toujours surgir sur les pas de ces misérables, les accompagnaient, et par leurs cris, par leurs provocations, excitaient encore les esprits enflammés ; l’une d’entre elles, grande, robuste, au teint empourpré, à l’œil aviné, à la bouche édentée, était coiffée d’une marmotte, d’où s’échappaient des cheveux jaunâtres en broussailles ; elle portait sur sa robe en guenilles un vieux tartan brun, croisé sur sa poitrine et noué derrière son dos. Cette mégère semblait possédée de rage. Elle avait relevé ses manches à demi déchirées ; d’une main, elle brandissait un bâton ; de l’autre, elle tenait une grosse pierre, ses compagnons l’appelaient Ciboule.

L’horrible créature criait d’une voix rauque :

— Je veux me mordre avec les femmes de la fabrique ; j’en veux faire saigner…

Ces mots féroces étaient accueillis par les applaudissements de ses compagnons et par des