Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 5-6.djvu/666

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moins ardents, firent un assez long détour, allèrent briser un treillis à claire-voie appuyé d’une haie, et prirent pour ainsi dire les ouvriers de la fabrique entre deux feux ; les uns résistaient courageusement ; d’autres voyant Ciboule, suivie de quelques-unes de ses horribles compagnes et de plusieurs rôdeurs de barrières à figures sinistres, monter en hâte dans la maison commune, où s’étaient réfugiés les femmes et les enfants, se jetèrent à la poursuite de cette bande ; mais quelques compagnons de la mégère ayant fait volte-face et vigoureusement défendu l’entrée de l’escalier contre les ouvriers, Ciboule, trois ou quatre de ses pareilles, et autant d’hommes non moins ignobles, purent se ruer dans plusieurs chambres, les uns pour piller, les autres pour tout briser…

Une porte, ayant d’abord résisté à leurs efforts, fut bientôt enfoncée ; Ciboule se précipita dans l’appartement son bâton à la main, échevelée, furieuse, enivrée par le bruit et par le tumulte. Une belle jeune fille (c’était Angèle), qui semblait vouloir défendre seule l’entrée d’une chambre, se jeta à genoux, pâle, suppliante, les mains jointes, en s’écriant :

— Ne faites pas de mal à ma mère !

— Je t’étrennerai d’abord, et puis ta mère