Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 5-6.djvu/672

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— Tous les jours on se peigne dru… mais on s’estime[1].

Cette défection d’une partie des assaillants, malheureusement partie bien minime, donna cependant un nouvel élan aux ouvriers de la fabrique, et tous, Loups et Dévorants, quoique bien inférieurs en nombre, s’unirent contre les

  1. Nous désirons qu’il soit bien entendu par le lecteur que la seule nécessité de notre fable a donné aux Loups le rôle agressif. Tout en essayant de montrer un des abus de compagnonnage, abus qui, d’ailleurs, tendent à s’effacer de jour en jour, nous ne voudrions pas paraître attribuer un caractère d’hostilité farouche à une secte plutôt qu’à une autre, aux Loups plutôt qu’aux Dévorants. Les Loups, compagnons tailleurs de pierres, sont généralement des ouvriers très-laborieux, très-intelligents, et dont la position est d’autant plus digne d’intérêt, que non-seulement leurs travaux, d’une précision presque mathématique, sont des plus rudes et des plus pénibles, mais que ces travaux leur manquent pendant deux ou trois mois de l’année, leur dure profession étant malheureusement une de celles que l’hiver frappe d’un chômage inévitable. Un assez grand nombre de Loups, afin de se perfectionner dans leur métier, suivent chaque soir un cours de géométrie linéaire appliqué à la coupe des pierres, analogue à celui que professe M. Agricol Perdiguier pour les menuisiers ; plusieurs compagnons tailleurs de pierres avaient même exhibé à la dernière exposition un modèle d’architecture en plâtre.