Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 5-6.djvu/70

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Rodin le regarda fixement, et lui répondit :

— Votre serment ?… mais vous avez aussi fait serment d’obéissance éternelle à la compagnie, vous avez juré de ne vous jamais séparer d’elle… et aujourd’hui de quel poids ce serment est-il pour vous ?

Un moment Gabriel fut embarrassé, mais sentant bientôt combien la comparaison de Rodin était fausse, il se leva calme et digne, alla s’asseoir devant le bureau, y prit une plume, du papier, et écrivit ce qui suit :


« Devant Dieu, qui me voit et m’entend ; devant vous, révérend père d’Aigrigny, et M. Rodin, témoins de mon serment, je renouvelle à cette heure librement et volontairement la donation entière et absolue que j’ai faite à la compagnie de Jésus, en la personne du révérend père d’Aigrigny, de tous les biens qui vont m’appartenir, quelle que soit la valeur de ces biens. Je jure, sous peine d’infamie, de remplir cette promesse irrévocable, dont, en mon âme et conscience, je regarde l’accomplissement comme l’acquit d’une dette de reconnaissance et un pieux devoir. Cette donation ayant pour but de rémunérer des services passés, et de venir au secours des pauvres, l’avenir, quel qu’il soit, ne peut en rien la modifier ; par cela même