Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 5-6.djvu/72

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cher fils Gabriel a l’intention de rendre cette donation absolument valable et irrévocable… ou…

— Monsieur, s’écria Gabriel en se contenant à peine et interrompant Rodin, épargnez-vous et épargnez-moi une honteuse supposition.

— Eh bien donc, reprit Rodin toujours impassible, puisque vous êtes parfaitement décidé à rendre cette donation sérieuse… quelle objection auriez-vous à ce qu’elle fût légalement garantie ?

— Mais aucune, monsieur, dit amèrement Gabriel, puisque ma parole écrite et jurée ne vous suffit pas…

— Mon cher fils, dit affectueusement le père d’Aigrigny, s’il s’agissait d’une donation faite à mon profit, croyez que si je l’acceptais je me trouverais on ne peut mieux garanti par votre parole… Mais ici, c’est autre chose : je me trouve être, ainsi que je vous l’ai dit, le mandataire de la compagnie, ou plutôt le tuteur des pauvres qui profiteront de votre généreux abandon ; on ne saurait donc, dans l’intérêt de l’humanité, trop entourer cet acte de garanties légales, afin qu’il en résulte pour notre clientèle d’infortunés une certitude… au lieu d’une vague espérance que le moindre changement de volonté peut renverser… Et puis…