Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 7-8.djvu/147

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Sa grande ombre se projette sur le terrain pierreux éclairé par la lune…

Ce voyageur regarde la ville immense qui s’étend à ses pieds…

Paris… dont la noire silhouette découpe ses tours, ses coupoles, ses dômes, ses clochers sur la limpidité bleuâtre de l’horizon, tandis que du milieu de cet océan de pierres s’élève une vapeur lumineuse qui rougit l’azur étoilé du zénith…

C’est la lueur lointaine des mille feux qui, le soir, à l’heure des plaisirs, éclairent joyeusement la bruyante capitale.

— Non, disait le voyageur, cela ne sera pas ;… le Seigneur ne le voudra pas.

« C’est assez de deux fois.

« Il y a cinq siècles, la main vengeresse du Tout-Puissant m’avait poussé du fond de l’Asie jusqu’ici… Voyageur solitaire, j’avais laissé derrière moi plus de deuil, plus de désespoir, plus de désastres, plus de morts… que n’en auraient laissé les armées de cent conquérants dévastateurs… Je suis entré dans cette ville… et elle a été aussi décimée…

Il y a deux siècles, cette main inexorable qui me conduit à travers le monde m’a encore amené ici, et, cette fois comme l’autre, ce fléau que, de loin en loin, le Tout-Puissant