Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 7-8.djvu/200

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deux prunelles de feu ; des tiraillements nerveux saccadés tendirent et collèrent sur les moindres saillies des os du visage la peau flasque, humide, glacée, qui devint instantanément verdâtre ; de ses lèvres, bridées par le rictus d’une douleur atroce, s’échappait un souffle haletant, de temps à autre interrompu par ces mots :

— Oh !… je souffre… je brûle…

Puis, cédant à un transport furieux, Rodin, du bout de ses ongles, labourait sa poitrine nue, car il avait fait sauter les boutons de son gilet et à demi déchiré sa chemise noire et crasseuse, comme si la pression de ces vêtements eût augmenté la violence des douleurs sous lesquelles il se tordait.

L’évêque, le cardinal et le père d’Aigrigny se rapprochèrent vivement de Rodin et l’entourèrent pour le contenir ; il éprouvait d’horribles convulsions ; tout à coup, rassemblant ses forces, il se dressa sur ses pieds, droit et roide comme un cadavre ; alors, ses vêtements en désordre, ses rares cheveux gris hérissés autour de sa face verte, attachant ses yeux rouges et flamboyants sur le cardinal, qui, à ce moment, se penchait vers lui, il le saisit de ses deux mains convulsives, et, avec un accent terrible, il s’écria d’une voix strangulée :