Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 7-8.djvu/219

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Après avoir prononcé ces paroles, l’homme disparut dans la foule.

Ce bruit, non moins stupide que le bruit qui courait sur ces empoisonnements des malades de l’Hôtel-Dieu, fut accueilli par une explosion de cris d’indignation : cinq ou six hommes en guenilles, véritables bandits, saisirent le corps du tambour expirant, l’élevèrent sur leurs épaules, malgré les efforts de ses camarades, et, portant ce sinistre trophée, ils parcoururent le parvis, précédés du carrier et de Ciboule, qui criaient partout sur leur passage :

— Place aux cadavres ! voilà comment on empoisonne le peuple !…

Un nouveau mouvement fut imprimé à la foule par l’arrivée d’une berline de poste à quatre chevaux ; n’ayant pu passer sur le quai Napoléon, alors en partie dépavé, cette voiture s’était aventurée à travers les rues tortueuses de la Cité, afin de gagner l’autre rive de la Seine par le parvis Notre-Dame.

Ainsi que bien d’autres, ces émigrants fuyaient Paris pour échapper au fléau qui le décimait ; un domestique et une femme de chambre assis sur le siége de derrière échangèrent un coup d’œil d’effroi en passant devant l’Hôtel-Dieu, tandis qu’un jeune homme, placé dans l’intérieur et sur le devant de la voiture, baissa la