Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 7-8.djvu/261

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feu… Après ça… je ne regrette pas la vie… J’ai perdu l’habitude du travail et pris celle… de l’orgie… Je finirais par être un mauvais gueux ; j’aime mieux laisser mon ami s’amuser à m’allumer un brasier dans la poitrine… Depuis ce que je viens de boire tout à l’heure, je suis sûr que ça y flambe comme le punch que voilà…

— Tu es un fou et un ingrat, dit Morok en haussant les épaules, tu as tendu ton verre, et j’ai versé… Eh ! pardieu ! nous trinquerons encore longtemps et souvent ensemble.

Depuis quelques moments Céphyse ne quittait pas Morok du regard.

— Je dis que depuis longtemps tu souffles le feu, où j’aurai brûlé ma peau, reprit Jacques d’une voix faible en s’adressant à Morok, pour que l’on ne pense pas que je meurs du choléra… On croirait que j’ai eu peur de mon rôle. Ça n’est donc pas un reproche que je te fais, mon tendre ami, ajouta-t-il avec un sourire sardonique ; tu as gaiement creusé ma fosse… Quelquefois, il est vrai… voyant ce grand trou où j’allais tomber, je reculais d’un pas… Mais toi, tendre ami, tu me poussais rudement sur la pente en me disant : « Va donc… farceur… va donc… » Et j’allais, oui… et me voici arrivé…