Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 7-8.djvu/369

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Rennepont est mort… et… songez-y bien… cet acte de décès…, ajouta le jésuite en montrant le papier que le père d’Aigrigny tenait à la main, vaudra un jour quarante millions à la compagnie de Jésus… et cela… parce que… je vous… ai…

Les lèvres de Rodin achevèrent seules sa phrase. Depuis quelques instants, le son de sa voix s’était tellement voilé, qu’il finit par n’être plus perceptible et s’éteignit complètement ; son larynx, contracté par une émotion violente, ne laissa sortir aucun accent.

Le jésuite, loin de s’inquiéter de cet incident, acheva pour ainsi dire sa phrase par une pantomime expressive ; redressant fièrement la tête, la face hautaine et fière, il frappa deux ou trois fois son front du bout de son index, exprimant ainsi que c’était à son esprit, à sa direction, que l’on devait ce premier résultat si heureux.

Mais bientôt Rodin retomba brisé sur sa couche, épuisé, haletant, affaissé, en portant son mouchoir à ses lèvres desséchées ; cette heureuse nouvelle, ainsi que disait le père d’Aigrigny, n’avait pas guéri Rodin ; pendant un moment seulement il avait eu le courage d’oublier ses douleurs ; aussi la légère rougeur dont ses joues s’étaient quelque peu colorées disparut bien-