Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 7-8.djvu/372

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étrange, formidable, que le père d’Aigrigny considéra avec une sorte d’effroi.

— Je ne sais si ce symptôme est grave, dit le jésuite, mais le révérend père vient d’être subitement frappé d’une extinction de voix.

— C’est la troisième fois depuis huit jours que cet accident se renouvelle, dit M. Rousselet, et l’opération de M. Baleinier agira sur le larynx comme sur les poumons.

— Et cette opération est-elle bien douloureuse ? demanda le père d’Aigrigny.

— Je ne crois pas qu’il y en ait de plus cruelle dans la chirurgie, dit l’élève ; aussi M. Baleinier en a caché l’importance au père Rodin.

— Veuillez continuer d’attendre ici M. Baleinier, et nous l’envoyer dès qu’il arrivera, reprit le père d’Aigrigny.

Et il retourna dans la chambre du malade. S’asseyant alors à son chevet, il lui dit en lui montrant la lettre :

— Voici plusieurs rapports contradictoires relatifs à différentes personnes de la famille Rennepont qui m’ont paru mériter une surveillance spéciale ;… mon indisposition ne m’ayant pas permis de rien voir par moi-même depuis quelques jours… car je me lève aujourd’hui pour la première fois ; mais je ne sais, mon père,