Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 7-8.djvu/521

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riez me reprocher… Si j’ai dit votre secret à M. Agricol…

— Sais-tu pourquoi, Madeleine ? s’écria le forgeron en interrompant Adrienne. Encore une preuve de cette délicate générosité de cœur qui ne se dément jamais chez mademoiselle. « J’ai hésité longtemps à vous confier ce secret, m’a-t-elle dit ce matin, mais je m’y décide ; nous allons retrouver votre sœur adoptive ; vous êtes pour elle le meilleur des frères ; mais, sans le savoir, sans y songer, bien des fois vous la blessiez cruellement ; maintenant, vous savez son secret ;… je me repose sur votre cœur pour le garder fidèlement, et pour épargner mille douleurs à cette pauvre enfant… douleurs d’autant plus amères qu’elles viennent de vous, et qu’elle doit souffrir en silence. Ainsi, quand vous parlerez de votre femme, de votre bonheur, mettez-y assez de ménagements pour ne pas froisser ce cœur noble, bon et tendre… » Oui, Madeleine, voilà pourquoi mademoiselle a commis ce qu’elle appelle une indiscrétion.

— Les termes me manquent, mademoiselle… pour vous remercier encore et toujours…, dit la Mayeux.

— Voyez donc un peu, mon amie, reprit Adrienne, combien les ruses des méchants