Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 12.djvu/31

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de nos prédécesseurs, travaillé pour le bien de l’État, ce qui nous a fait espérer que cette vertu et force sera héréditaire à tous les nôtres, et que tout ce qui proviendra de nous naîtra et croîtra avec cette intention envers l’État ; c’est pourquoi nous avons d’autant plus désiré d’avoir lignée et en laisser après nous à ce royaume ; et puisque Dieu n’a pas encore permis que nous en ayons en légitime mariage, nous avons voulu, en attendant qu’il lui plaise nous donner des enfants qui puissent légitimement succéder à cette couronne, chercher à en avoir d’ailleurs en quelque lieu digne et honorable qui soient obligés d’y servir, comme il s’en est vu d’autres de cette qualité qui ont bien mérité de l’État. Pour cette occasion, ayant reconnu les très-grandes grâces et perfections, tant de l’esprit que du corps, qui se trouvent en la personne de notre très-chère et bien-aimée la dame Gabrielle d’Estrées (épouse du sieur de Liancourt), nous l’avons, depuis quelques années, recherchée à cet effet (d’avoir des enfants) ; et ladite dame, après nos longues poursuites et ce que nous y avons apporté de notre autorité, ayant condescendu à nous obéir et complaire et ayant plu à Dieu de nous donner d’elle un fils, nous avons résolu, en l’avouant et reconnaissant notre fils naturel, lui accorder nos lettres de légitimation. — Pour ces causes, avons, de notre certaine science, pleine puissance et autorité royale, avoué, dit et déclaré par ces présentes, signées de notre main, ledit César notre fils naturel, et icelui légitimé et légitimons, etc., etc., dérogeant, de notre grâce spéciale, à toutes ordonnances qui pourraient être à ce contraires.

» Henri[1]. »...............................

En résumé, fils de Joel, vous le voyez, rien de plus clair : le Béarnais n’a point d’enfants de sa femme légitime, il veut en avoir d’ailleurs, et ayant reconnu la grande perfection d’esprit et de corps réunie dans sa bien-aimée Gabrielle d’Estrées, il l’a recherchée à cet

  1. Recueil des anciennes lois françaises, Isambert, t. XV, p. 427.