Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 13.djvu/225

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cour… Cette trahison, existe… cette trahison est prouvée… L’arrivée de nouveaux régiments étrangers concentrés aux environs de Versailles… le renvoi de Necker, bon serviteur de la nation… un ministère choisi parmi les ennemis déclarés de la révolution… voilà les actes de la cour ! Elle ne veut pas de la révolution ! Eh bien, nous… il faut parler net… ce que nous voulons, ce que nous faisons, ce que nous accomplirons, et par nos vrais représentants, et par nous-mêmes, s’il le faut, au prix de notre sang, de notre vie : c’est la révolution !

— Oui ! oui ! — s’écrient mille voix, — il faut une révolution ! Le peuple souverain doit commander par la voix de ses représentants. — À bas la royauté si elle résiste aux volontés du peuple, — Vive la nation ! Vive la révolution !

L’avocat Desmarais témoigne, par un geste, expressif qu’il est en parfaite communion de vœux avec ses rudes amis les révolutionnaires. Le silence se rétablit. Jean Lebrenn continue.

— Oui, nous voulons la révolution… Pourquoi la voulons-nous ? Parce que seule la révolution peut abattre le parti de la cour, l’implacable ennemie de l’affranchissement du peuple et de la bourgeoisie ! Sinon, pourquoi la cour rassemblerait-elle des troupes à Versailles ? Pourquoi donnerait-on leur commandement au maréchal de Broglie, ce traître, qui a dit hautement : — « À la tête de cinquante mille hommes, je mettrai à la raison les factieux de l’Assemblée nationale ?… » — Est-ce qu’il y a trois jours on ne placardait pas dans Paris de par le roi et sous menace : Défense aux citoyens de sortir de chez eux ? Est-ce qu’on n’annonçait pas la venue de troupes considérables pour tenir en bride la capitale ?… Et à Versailles, vous le savez mieux que nous, citoyen Desmarais, les gardes du corps, les officiers suisses, ceux des autres régiments étrangers, insultent chaque jour la révolution commencée au Jeu de Paume, et provoquent nos représentants inviolables ! Est-ce que depuis deux jours on ne renforçait pas nuitamment la garnison de la Bastille ?