Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 13.djvu/229

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ne s’agit pas ici de vaines paroles, mais d’actes ? cette preuve de la ferme attitude de l’Assemblée nationale envers la cour la voici :

— Écoutons… écoutons…

— Le 12 juillet… avant-hier, — reprend l’avocat Desmarais, — ne pouvant plus douter des noirs complots de la cour, l’Assemblée, calme, auguste, comme l’antique sénat romain en présence des ennemis de la chose publique, a pris l’arrêté suivant dont je me rappelle d’autant mieux les termes que j’ai concouru à sa rédaction.

— Vive le citoyen Desmarais ! — Vive l’ami du peuple ! — Écoutons… écoutons !

— Voici l’arrêté de l’Assemblée, citoyens ; vous reconnaîtrez que par son courage, par sa haine des tyrans, elle a bien mérité de la patrie ! — reprend l’avocat, et de mémoire il récita la déclaration suivante : — « L’Assemblée, interprète du sentiment national, déclare que Necker et les autres ministres qui viennent d’être éloignés emportent avec eux l’estime et les regrets de la nation ; — déclare qu’effrayée de la réponse peu satisfaisante du roi au sujet de l’éloignement des troupes, elle ne cessera d’insister sur leur renvoi et sur l’établissement de gardes bourgeoises. »

— Pourquoi de gardes bourgeoises, puisque le peuple est en armes… pour défendre la révolution ? — demande un prolétaire, de qui le bon sens pénétrait la défiance du tiers état. — Est-ce qu’on a peur de nous ?

— Avoir peur de vous… se défier de vous, citoyens, mes frères ! — s’écrie l’avocat Desmarais, interloqué de l’objection, mais dissimulant son embarras, — pouvez-vous concevoir un pareil soupçon ? Est-ce que cette appellation de garde bourgeoise peut et doit exciter votre ombrage ? Est-ce qu’il existe maintenant une distinction entre le peuple et la bourgeoisie ? Non, non, qui dit peuple dit bourgeois, et qui dit bourgeois dit peuple… il n’y a plus qu’un tout… la nation !!

— Vive la nation ! — Vive Desmarais ! — Écoutons… écoutons.

— Citoyens, j’achève de vous faire connaître notre arrêté, — re-