Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 13.djvu/251

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pour rendre hommage aux qualités… à la touchante bonté de cette jeune personne…

— Je ne doute pas, Marianne, du bon choix de notre fils… — reprit le vieillard à demi convaincu. — Il se peut que M. l’avocat Desmarais appartienne à cette digne fraction de la bourgeoisie qui voit dans le peuple déshérité depuis tant de siècles… un frère qu’elle a mission de guider, d’éclairer dans la voie d’affranchissement où il s’élance aujourd’hui. S’il en est ainsi, mon fils… ton mariage avec mademoiselle Desmarais serait la joie de ma vieillesse…

— Mon frère, — reprend Victoria, — de ces projets d’union, mademoiselle Desmarais a-t-elle instruit sa famille ?

— Je l’ignore… Lors de notre dernier entretien, elle m’avait assuré qu’elle s’ouvrirait bientôt à sa mère sur ce sujet… et lui apprendrait qu’elle m’a engagé sa foi… comme je lui ai engagé la mienne…

— Mademoiselle Desmarais semble-t-elle douter du consentement de ses parents ?…

— Parmi ses parents… son oncle, M. Hubert, le riche banquier, serait sans doute le seul opposant à notre union, car il a du moins le courage d’avouer hautement son dédain pour notre classe… Mais, je te l’ai dit, la violence de ses opinions a amené une rupture entre lui et M. Desmarais… Quant à celui-ci et à sa femme, mademoiselle Charlotte ne doute pas de leur consentement, sachant l’affection, l’estime qu’ils m’ont toujours témoignée !

— Mon frère, — reprit Victoria après un moment de réflexion, — veux-tu suivre un conseil qui, je le crois, sera aussi celui de nos parents ?…

— Quel conseil, ma sœur ?

— Profite aujourd’hui même de la présence de M. Desmarais à Paris pour lui demander la main de sa fille…

— Pourquoi, Victoria, apporter tant de hâte à cette démarche ?

— Si M. Desmarais voit en toi un ami, un égal… s’il est sincère-