Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 13.djvu/284

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— Si c’est une calomnie… je n’en suis pas du moins l’auteur.

— Nommez-le donc… alors !

— C’est votre père…

— Mon père…

— Hélas !… n’a-t-il pas écrit… imprimé… publié… que sa fille… votre sœur, depuis lors disparue… avait été la maîtresse du roi Louis XV ! !

— Quoi ! — répète Jean Lebrenn pouvant à peine croire à ce qu’il entend, — cette tache ineffaçable… qui ternit l’honneur de ma famille… c’est…

— Jean ? — répond l’avocat Desmarais avec une majestueuse dignité, — vous connaissez ma fière susceptibilité en ce qui touche l’honneur ! !… vous connaissez mes principes républicains… ma haine de la royauté ! !… Je fais appel à votre raison, à votre équité… à vos sentiments politiques !… Ma fille… ma fille… peut-elle entrer dans une famille… dont une personne a figuré parmi les maîtresses de Louis XV ! !

— Ah ! par ma foi… le tour de gibecière de mon avocat de beau-frère est prodigieux !… Aussi, morbleu ! je ne résiste pas au désir de prendre part à l’entretien qui va suivre ! — dit M. Hubert sortant de la chambre voisine et entrant lentement dans le salon sans être d’abord aperçu de Jean Lebrenn et de M. Desmarais.


Jean Lebrenn, lorsque M. Desmarais lui eut déclaré : « Que Charlotte ne pouvait entrer dans une famille déshonorée, parce que l’une des personnes, qui la composaient avait été la maîtresse du roi Louis XV, » Jean Lebrenn ne put d’abord croire à ce qu’il entendait… M. Desmarais lui ayant maintes fois témoigné d’une tendre compassion pour la victime de la monstrueuse dépravation de ce roi dit le Bien-Aimé, qu’il flétrissait avec indignation, répétant au