Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 15.djvu/118

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ainsi que vous le dites avec beaucoup de justesse ; mais ce qui est fait est fait : j’ai envoyé ce matin ma circulaire à tous nos amis de la montagne, ainsi qu’à votre admirateur, ce cher Marat, afin qu’il insère dans son excellent journal cette lettre de faire part, ce à quoi il ne manquera certes pas, vu sa grande estime pour votre caractère et votre civisme. Ma circulaire sera donc rendue publique ; tous mes collègues de la montagne l’auront reçue lorsque j’irai, tout à l’heure, à la Convention ; il m’est donc maintenant impossible, mon cher Jean, vous le comprenez, de changer l’époque fixée pour votre mariage : il ne vous reste qu’à souhaiter, ainsi que moi, que l’on guillotine Capet le plus tôt possible, mes impatients amoureux.

— Mon père, — répond Charlotte d’une voix grave, — Jean et moi nous avons attendu pendant quatre ans le jour qui doit combler nos vœux, il ne nous en coûtera donc nullement de retarder le…

— Taisez-vous, petite hypocrite, — dit l’avocat, interrompant sa fille et lui frappant paternellement sur la joue. — Je sais bien, moi, que penser.

— Mais, citoyen Desmarais, — reprit Jean Lebrenn, — permettez-moi de…

— Assez sur ce sujet, mon cher élève, l’heure me presse, et vous allez, s’il vous plaît, m’accompagner.

— Où cela ?

— D’abord chez mon notaire, afin de jeter les bases de votre contrat ; puis nous irons à la Convention, dans la salle des conférences, et là, je vous présenterai, comme mon futur gendre, à mes collègues de la montagne.

— Je vous ferai observer, citoyen Desmarais, que la rédaction de mon contrat de mariage sera celle que vous la souhaiterez ; je n’ai donc nullement à y intervenir.

— Il faut cependant bien, mon cher élève, que vous sachiez quelle dot je donne à ma fille ?