Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 15.djvu/14

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de ce que vous ne savez point ! Attendez donc, pour la juger, que j’aie, en deux mots, exposé ma proposition.

LE COMTE DE PLOUERNEL. — Jamais nous ne le souffrirons : ce serait devenir votre complice que de vous écouter ! 


Le petit Rodin rentre, et s’adressant au jésuite :

— Doux parrain, l’homme déguisé en femme est M. Hubert, je l’ai reconnu tout de suite.

LE JÉSUITE MORLET. — En effet, c’est pour la première fois qu’il vient dans cette maison ; le portier, ne le connaissant pas, a sagement agi en se tenant sur la réserve. Où est M. Hubert ?

LE PETIT RODIN. — Dans la pièce voisine ; il cause avec Lehiron.

LE JÉSUITE MORLET. — Prie M. Hubert d’entrer.

M. Hubert paraît bientôt : il porte une pelisse fourrée et un chapeau de femme. À son aspect, le marquis se livre à des éclats de rire étourdissants et si prolongés, qu’en vain ses amis tentent de mettre un terme à son hilarité ; la surprise, le courroux de M. Hubert vont croissant, car, encore ému du péril mortel auquel il vient de se soustraire, et oubliant son déguisement, il trouve des plus impertinentes la jovialité du marquis, se tordant sur sa chaise et s’écriant :

— Quelle figure ! hi ! hi ! hi !… ce chapeau, oh ! oh ! oh ! oh ! oh ! la rate !! j’en mourrai… Il ressemble… à… une vieille guenuche… ah ! ah ! ah !

M. Hubert, pâle de rage, jette à ses pieds son chapeau de femme, se dépouille de la pelisse, qui cachait sa veste et ses culottes grises, s’élance vers le marquis d’un air menaçant, et s’écrie : — Vous me rendrez raison de votre insolence ! — Mais le comte de Plouernel et son frère l’évêque s’interposent et parviennent à calmer l’irritation du financier, en lui affirmant que le marquis est une tête à l’évent, et bon à enfermer à Charenton.

M. HUBERT, à peine apaisé. — En ce cas, messieurs, il est étrange que vous associiez des fous à vos projets !