Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 15.djvu/176

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parti des enragés, assiste aussi à ce conciliabule ; cependant Jacques Roux se dit, et est peut-être sincère dans l’exaltation ou plutôt dans l’aberration de ses principes républicains théocratiques, car, au fond, le but réel de ce prêtre révolutionnaire, but qu’il se garde bien de dévoiler aux autres enragés, est d’anéantir l’aristocratie, la bourgeoisie et la royauté, non point au profit du peuple, mais au profit du pape de Rome, qui serait ainsi reconnu chef spirituel et temporel de la république catholique universelle. Or, la constitution de la république actuelle, non moins justement ennemie du clergé que des rois, inspire une telle horreur à l’abbé Roux, que toute alliance lui agrée pour combattre et d’abord abattre cette république impie ; après quoi ses vainqueurs aviseront au partage de ses dépouilles.

Enfin, trois personnages récemment députés par les provinces où couve et se fomente l’insurrection contre-révolutionnaire, lesquels prennent les noms peu compromettants du Lyonnais, du Nantais et du Toulonais, font aussi partie du conciliabule présidé par le jésuite Morlet, qui résume en ces termes l’objet de la réunion :

— Je n’insiste point davantage afin de prouver combien j’étais dans le vrai de la pratique des choses, dans le vif de la bonne politique, lorsqu’au mois de décembre dernier, obéissant aux injonctions de ma sainte compagnie, si parfaitement d’accord avec la saine raison et mon petit jugement, je formulais ainsi mon opinion : « Il est expédient, au point de vue du salut de l’Église et des monarchies européennes, que Louis XVI soit le plus tôt qu’il se pourra couronné des palmes immortelles du martyre ; en d’autres termes : il est urgent et excellent pour notre cause, que l’on coupe promptement le cou à ce déplorable prince, son passé démontrant surabondamment que s’il ne possède point l’énergie nécessaire pour défendre l’intégrité du pouvoir absolu, il ne possède pas davantage cette abnégation indispensable à la passivité d’un roi constitutionnel, honnête soliveau, souverain à l’engrais de sa liste civile, au nom duquel prétendu souverain régnerait de fait la bourgeoisie,