Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 15.djvu/177

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dont M. Hubert ici présent est le digne et intelligent représentant ; d’où il suit que Louis XVI n’est propre qu’à faire un plantureux martyr. » Telles ont été mes paroles ; maintenant, dites, mes prévisions sont-elles réalisées ? N’avais-je pas affirmé que le supplice de Louis XVI pousserait les souverains étrangers à une implacable croisade contre la France révolutionnaire, et à l’intérieur déchaînerait la guerre civile dans les provinces de l’Ouest et du Midi, constamment et profondément travaillées par nous et par la noblesse ou par ses agents ? Eh bien ! voyez l’état des choses. Le 1er février dernier, la Convention a dû déclarer la guerre à l’Angleterre et au stathouder des États de Hollande. Ainsi, voilà la France républicaine en hostilité avec l’Europe entière ; car l’Espagne, à l’heure où je vous parle, a sans doute adhéré à la coalition européenne… La guerre civile a déjà préludé par des actes insurrectionnels en Anjou, en Bretagne, à Marseille, à Lyon, à Toulon, et dans ces localités, nos adhérents n’attendent que le signal d’un soulèvement en masse, selon que viennent de nous l’apprendre nos intrépides amis le Toulonais, le Lyonnais et le Nantais. Enfin, un troisième parti, celui des Hébertistes ou enragés, dont mon frère en Jésus-Christ l’abbé Jacques Roux est l’un des chefs, s’apprête à battre en brèche Robespierre et ses complices, en les accusant de modérantisme par une très-habile tactique, car ce sont toujours les enragés sincères ou feints qui, heureusement, perdent les révolutions, et le chef forcené des Cordeliers va faire pâlir la Convention, les jacobins… Vous le voyez donc, mes prédictions se réalisent de point en point, et jamais nous n’avons eu la partie plus belle… Or, tous tant que nous sommes, royalistes absolus, républicains théocrates ou bourgeois constitutionnels, redoublons donc de concert et d’efforts, anéantissons d’abord l’exécrable république actuelle, avisons au plus pressé… chaque jour suffit à sa peine… et, pour conclure…

M. HUBERT. — Un mot seulement, mon révérend : que l’espoir d’un trop facile triomphe ne vous aveugle pas ; rappelez-vous ce que