Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 15.djvu/188

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LE NANTAIS. — Ce régicide…

LE TOULONAIS. — Ce monstre… dont le brave Pâris, ex-garde du corps du roi, a fait bonne justice en l’assassinant au Palais-Royal ?

LE JÉSUITE MORLET. — Lui-même… et vous le voyez, ce digne Pâris avait la main doublement heureuse… il frappait un régicide, et mieux encore, il frappait le scélérat qui méditait de corrompre toute une génération par ce projet d’éducation.

L’ABBÉ ROUX. — Grâce à Dieu, il existe une justice au ciel.

LE JÉSUITE MORLET. — De cette justice le digne Pâris a été le glorieux et providentiel instrument ; Michel Lepelletier a rendu au diable son âme infernale, mais son projet d’éducation subsiste… J’ai pu, par mes intelligences dans la maison du défunt (où n’avons-nous pas des intelligences ?), me procurer copie de ce projet ; mais j’ai su depuis que l’original était entre les mains de Robespierre, et cet homme est trop homme d’État, trop habile politique pour ne point… si nous lui en laissons le temps… faire mettre en pratique ce plan d’éducation, laquelle pratique amènerait infailliblement la révolution du pauvre, du prolétaire, et voici comment :

Sachant, grâce à l’éducation républicaine, user à son profit de ce terrible instrument : le vote universel, qui met entre ses mains la nomination du législateur, du constituant, le prolétaire ne choisira pour mandataires que ceux qu’il saura devoir légiférer, constituer dans son unique intérêt à lui prolétaire : ainsi seront brisées les dernières barrières qui sauvegardent encore la propriété, les privilèges du capital, mon pauvre monsieur Hubert… Eh bien ! est-ce donc uniquement là une question de maître d’école, ainsi que vous le disiez tout à l’heure ?

M. HUBERT. — Il est vrai… ce projet a plus d’importance que je ne le supposais…

LE JÉSUITE MORLET. — Ah ! c’est que, vous autres laïques, vous ne savez pas comme nous, prêtres éducateurs, quelles racines profondes,