un inexorable concert ? Non ! non ! cent fois non ! Mais, ne l’oubliez point, pour exaspérer les souverains étrangers jusqu’aux dernières limites de la haine, de la rage et de la terreur, qui seules peuvent donner à leurs efforts cet ensemble formidable qui doit anéantir la république, il faut qu’ils voient rouler à leurs pieds la tête sanglante de leur frère Louis XVI !
LE COMTE DE PLOUERNEL. — Tenez, révérend, vous m’épouvantez !
LE JÉSUITE MORLET, paternellement. — Grand enfant !… j’achève ; et maintenant, de deux choses l’une : ou le complot de demain succédera bien, ou il succédera mal. Dans le premier cas, qu’arrivera-t-il ? Louis XVI est délivré, bon ; la Convention est exterminée, très-bien. Un millier d’hommes résolus peuvent réussir à ce coup de main, mais après ? Vous aurez à combattre les faubourgs, les sections, les troupes voisines de Paris, qui accourront bientôt dans la capitale.
M. HUBERT. — On les combattra !
LE COMTE DE PLOUERNEL. — On les écharpera !
L’ÉVÊQUE. — On fera mettre le feu aux quatre coins de ces infâmes faubourgs par les bandits des prisons, ainsi qu’on l’avait projeté !
LE MARQUIS. — Et ces estimables faubouriens, voyant brûler leurs masures, ne songeront plus qu’à tirer au large, afin d’aller éteindre le feu, hi ! hi ! hi !
LE JÉSUITE MORLET. — Monsieur Hubert, à quel nombre évaluez-vous les bourgeois énergiques qui, la lutte engagée, y prendront chaudement part ?
M. HUBERT. — Je réponds au moins de cinq à six mille anciens gardes nationaux.
LE JÉSUITE MORLET. — Je fais mieux : j’en mets dix mille, ci 10,000 hommes. Et vous, comte, à quel nombre évaluez-vous les émigrés rentrés, les anciens officiers et soldats de la garde constitutionnelle de Louis XVI, enfin les ex-serviteurs du roi et des princes : cochers, laquais, piqueurs, palefreniers et autres, qui forment notre milice ?