Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 15.djvu/289

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effrayante. L’inertie, la mollesse et l’exclusivisme de la gironde, qui éloignait des emplois publics les ardents patriotes, laissaient la France dans la situation la plus dangereuse où elle se fût trouvée depuis 1789. Quelques camps retranchés, séparés par de grands intervalles, couvraient à peine nos frontières du Nord. Nos armées victorieuses, lors des campagnes de 1792, avaient perdu confiance dans leurs généraux depuis la trahison de Dumouriez, et reculaient battues sur plusieurs points. Valenciennes et Maubeuge étaient bloquées. Les coalisés, au nombre de trois cent mille hommes, nous cernaient depuis Bâle jusqu’à Ostende. Les Autrichiens et les Sardes franchissaient les Alpes. Les Espagnols menaçaient les Pyrénées. À l’intérieur, la Vendée en feu, le Midi prêt à se soulever, Lyon, Toulon, Marseille insurgés à la voix des royalistes et des prêtres. Vingt départements au plus restaient fidèles à la Convention, où, malgré de récents et terribles enseignements, deux partis, les modérés et les enragés, se montraient hostiles aux jacobins, parti gouvernemental incarné dans le génie de Robespierre. Enfin, par les accaparements des subsistances et du numéraire, par le discrédit qu’ils jetaient sur les assignats, par mille manœuvres ténébreuses, par mille rumeurs mensongères, nos ennemis éternels faisaient redouter la disette et la banqueroute. Les jacobins ne reculèrent pas devant les terribles périls de cette situation presque désespérée. Pleins de foi dans la sainteté de leur cause et dans le patriotisme du peuple, ils se préparèrent à une lutte gigantesque. Ils se dévouèrent non-seulement à défendre notre sol envahi, notre nationalité menacée, la république mise au ban de l’Europe ; ils voulaient encore, et ce sera leur gloire immortelle, ils voulaient encore, et surtout au nom de l’humanité entière, assurer le triomphe du progrès et de la démocratie ; en un mot, le triomphe de la révolution, en qui les peuples opprimés mettaient leur suprême espoir. Un nouveau comité de salut public, investi de pouvoirs presque illimités, nommé par la Convention, fut composé des citoyens : JEAN BON SAINT-ANDRÉ, — BARÈRE, — GASPARIN, —