Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 15.djvu/298

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ont été mères ou peuvent le devenir… La maternité les couvre. » Cet avis, je le partage. Charlotte Corday, malgré la grandeur de son crime, aurait dû, selon moi, être condamnée au bannissement ou à la réclusion perpétuelle.

J’ai reçu ce matin une lettre de Victoria : elle m’apprend que la santé d’Olivier est presque entièrement rétablie, et que bientôt il me prouvera qu’il n’a pas démérité mon affection. Il a confirmé cette espérance par quelques lignes ajoutées de sa main à la lettre de Victoria. Quel est son projet ? Je l’ignore… Du moins elle a arraché ce malheureux au suicide. L’égarement de son esprit paraît apaisé, sa raison raffermie. Et, j’en jure Dieu, je connais ma sœur, elle est restée digne d’elle-même et de la fraternelle tendresse que ma femme et moi nous lui portons.

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30 JUILLET 1793. — L’insurrection royaliste et fédéraliste de Lyon, de Marseille, de Toulon et de Bordeaux contre la république et la Convention, est d’autant plus alarmante que la guerre de Vendée s’éternise, prend une grande extension et devient d’une épouvantable férocité. — Lisez, fils de Joël… et frémissez des atroces représailles que peuvent soulever ces horreurs sans nom, commises par les fanatiques Vendéens soulevés à la voix de leurs prêtres et des ci-devant nobles !… Ah ! si la loi du talion, loi sauvage et barbare, est jamais appliquée aux Vendéens par les vengeurs des patriotes… que la responsabilité de ces forfaits retombe sur ces forcenés qui les auront provoqués les premiers :

« Les brigands de Vendée ont donné le signal et l’exemple des meurtres et des massacres : Machecoul a été le théâtre où se sont exercées ces scènes d’horreur ; là, les brigands hachèrent et mirent en pièces huit cents patriotes ; on les enterra demi-vivants ; on ne fit que couvrir leurs corps, on laissa hors de la terre et à découvert leurs bras et leurs jambes… On lia leurs femmes, on les fit