Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 15.djvu/301

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qui avait si dangereusement agité plusieurs provinces touche à sa fin. Le département du Doubs a rapporté ses décrets contre-révolutionnaires ; les départements de la Marne et du Gard envoient des délégués faire amende honorable à la barre de la Convention ; mais Lyon, assiégé par le général Kellermann et défendu par un royaliste, le ci-devant comte de Précy, résiste avec une incroyable énergie. Si cette ville succombe, et elle doit succomber dans sa lutte insensée, elle aura, ainsi que les Vendéens, provoqué de terribles représailles. La plupart des patriotes de Lyon ont été jetés en prison, et le tribunal royaliste de cette ville déploie contre eux des rigueurs qui dépassent celles du tribunal révolutionnaire de Paris à l’égard des implacables ennemis de la république.

CHALIER, représentant du peuple et commissaire de la Convention, l’un des hommes les plus considérés par son civisme, par son courage, par l’élévation de son caractère, porté le premier sur une liste de quatre-vingt-trois patriotes, est monté à l’échafaud lyonnais avec un calme héroïque. L’instrument du supplice ayant mal fonctionné, Chalier, avant de recevoir la mort, a été par deux fois affreusement mutilé… Ah ! je le répète, fils de Joël, il est impossible que Lyon ne soit pas vaincu dans cette guerre impie… Les cruautés des royalistes attireront un jour d’effrayantes calamités sur cette malheureuse ville.

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2 AOÛT 1793. — Souvent, ma sœur et moi, nous nous étonnions de ne recevoir aucune nouvelle du prince FRANTZ de Gerolstein, notre parent, à nous prolétaires (en raison de sa descendance de Gaëlo le Pirate), et l’un des plus ardents propagateurs de la secte des Voyants, quoiqu’il fût de naissance souveraine. Le secret du silence de Frantz vient de m’être révélé : un officier de la garnison de Mayence, longtemps prisonnier dans le duché des Deux-Ponts, limitrophe de la principauté de Gerolstein, m’a appris aujourd’hui