Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 15.djvu/311

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

la frontière. Charlotte, ma bien-aimée femme, se montre en cette circonstance la digne fille de ces matrones gauloises de l’antiquité qui disaient à leur époux : « Va combattre… si tu reviens, j’honorerai ta vaillance ; si tu succombes, j’honorerai ta mort. »

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Je n’ai reçu aucune nouvelle de ma sœur Victoria. Puisse son silence être de bon augure selon sa promesse !

_____

30 AOÛT 1793. — L’énergie révolutionnaire déployée par la Convention porte ses fruits. Marseille est soumise, le général Carteaux est entré dans ses murs. L’insurrection de Bordeaux est aussi vaincue, et le 24 de ce mois, des commissaires délégués par cette ville se sont présentés à la barre de la Convention, implorant son indulgence et le rapport du décret qui mettait hors la loi les membres de la commission royaliste et girondine. Mais il faut un exemple terrible… les coupables seront frappés… Enfin, les Vendéens sont en pleine déroute ; leur armée, forte de plus de trente-cinq mille hommes, a été taillée en pièces près de Luçon par le général TUNCQ. Lyon, dernier refuge des royalistes et des contre-révolutionnaires, combat encore avec acharnement contre l’armée de la république, et Toulon a ouvert son port à une flotte anglaise.

_____

18 SEPTEMBRE 1793. — Depuis le commencement de ce mois, la terreur est à l’ordre du jour, selon la redoutable expression de la commune de Paris, Oui, la terreur règne… il faut qu’elle règne… Mais à qui imputer cette nécessité fatale, sinon aux ennemis incessants, acharnés de la patrie, que depuis si longtemps ils déchirent de leurs mains parricides ? La république ne frappe qu’après avoir été longtemps et souvent frappée. Elle n’attaque pas, elle se défend : elle obéit à cette loi suprême de conservation personnelle, droit sacré