Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 15.djvu/41

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qui pèsent sur vous, sire, ce n’est ni le lieu, ni l’heure de vous les faire connaître.

— Je comprends… oui, en d’autres termes, je suis à vos yeux coupable de lèse-nation, ainsi que le prétendent les jacobins ?

— Je ne puis vous répondre, sire, que par mon silence.

— Mais encore…

— En un mot, sire, si vous m’aviez adressé cette question le 20 juin 1792, je suppose, alors que le peuple envahissait votre palais, afin de vous adresser ses remontrances, je vous aurais répondu en toute sincérité, parce qu’alors vous étiez libre et roi, puissant encore ; mais ici, dans cette prison où vous êtes captif sous ma garde… je dois me taire, et je me tairai, sire. Demain, d’ailleurs, des voix douées d’une autorité que n’a pas la mienne vous feront connaître les faits dont la nation vous accuse.

— Demain ?… Ah ! oui, demain l’on verra des sujets rebelles s’arroger le droit de faire comparaître leur roi devant eux, — reprit Louis XVI avec une hautaine amertume ; puis, songeant sans doute aux heureuses chances que devait lui offrir la réussite de la conspiration royaliste dont il croyait toujours l’exécution fixée au lendemain, il ajoute : — Que la volonté du ciel s’accomplisse en toute chose : il punit les méchants et protège les bons.

Louis XVI venait de prononcer ces mots, lorsque le concierge du Temple entre dans la chambre, et remettant à Jean Lebrenn la lettre de l’avocat Desmarais :

— Citoyen municipal, voici une lettre que vient d’apporter pour vous le citoyen Billaud-Varenne, en m’enjoignant de vous la remettre à l’instant.

— Bonsoir, monsieur Lebrenn ; lisez votre lettre, — dit Louis XVI. Et s’adressant au concierge : — Envoyez-moi Cléry, je vais me mettre au lit.

Louis XVI rentre dans sa chambre, tandis que Jean Lebrenn, très-surpris de reconnaître l’écriture de M. Desmarais sur l’adresse de la