Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 15.djvu/61

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des ports. Cependant Bertrand de Molleville, votre ministre de la marine, accordait des passe-ports à tous les officiers qui en demandaient ; et lorsque, le 8 mars, le Corps législatif vous exposa la conduite coupable de votre ministre, vous affirmiez être très-satisfait de ses services. Louis, qu’avez-vous à répondre ? 


LOUIS XVI. — J’ai fait ce que j’ai pu pour retenir les officiers. Quant au ministre, comme l’Assemblée ne portait contre lui aucun grief qui pût le faire mettre en état d’accusation, j’ai cru devoir le conserver. (Explosion de murmures.)

LE PRÉSIDENT. — L’intérieur de l’État était agité par des prêtres fanatiques, vous vous êtes déclaré leur protecteur, en manifestant l’intention évidente de recouvrer par eux votre ancienne puissance. Louis, qu’avez-vous à répondre ?

LOUIS XVI. — Je ne peux pas répondre à cela ; je n’ai aucune connaissance de ce projet.

LE PRÉSIDENT. — Le Corps législatif avait rendu, le 29 janvier 1791, un décret contre les prêtres factieux, vous avez suspendu l’exécution de ce décret. Louis, qu’avez-vous à répondre ?

LOUIS XVI. — La Constitution me laissait la sanction libre des décrets.

Cet aveu de l’exécrable appui qu’il prêtait aux prêtres réfractaires, instigateurs de la guerre civile, en suspendant indéfiniment, grâce à son veto, l’exécution du décret rendu contre eux par l’Assemblée, cet aveu est articulé par Louis XVI d’une voix ferme, arrogante ; cette fois, l’animation de ses traits révèle son artificieux et criminel bigotisme, car dans ces prêtres fanatiques qui tentaient de mettre la France à feu et à sang, il voyait de puissants auxiliaires.

LE PRÉSIDENT. — Les troubles religieux s’étaient accrus, le ministère déclara qu’il ne connaissait dans les lois existantes aucun moyen d’atteindre les prêtres coupables ; le Corps législatif rendit contre eux un nouveau décret, vous en suspendîtes encore l’exécution. Louis, qu’avez-vous à répondre ?