Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 2.djvu/150

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épaisses et longues tresses de ses cheveux blonds, détachée de sa coiffure, pendait presque jusqu’à ses pieds. À la vue de ces cheveux blonds… blonds comme ceux de sa sœur, Sylvest tressaillit ; puis cette femme, après avoir envoyé du bout de ses doigts un dernier baiser dans la même direction que les premiers, se jeta sur le lit de repos, et ainsi tourna la tête du côté de Sylvest…

C’était elle… Siomara… oui, c’était bien elle. Grâce à la présence de ses doux souvenirs d’enfance, seule consolation de sa servitude… grâce à la ressemblance frappante de sa sœur avec leur mère Hénory, Sylvest ne pouvait méconnaître Siomara, et jamais il n’avait rencontré plus éblouissante beauté. Aussi, oubliant la perdition de cette infortunée, oubliant les objets étranges, hideux, horribles, dont elle était entourée, il n’eut pour elle que des regards humides de tendresse et d’admiration.

Siomara, la joue animée d’un rose vif, ses grands yeux noirs brillants comme des étoiles sous leurs longs cils, sa chevelure blonde et dorée à demi-dénouée tombant sur ses blanches épaules, s’accouda sur le lit de repos, de son autre main essuya son front tiède… puis laissa tomber sa tête alanguie sur un des coussins en formant à demi les yeux, cherchant sans doute le repos ou le sommeil.

Sylvest put ainsi contempler longuement sa sœur… Alors il versa des larmes cruelles… Cette figure enchanteresse, rose, fraîche, ingénue comme celle d’une jeune vierge, était celle d’une courtisane vouée par l’esclavage, et dès son enfance, à un métier infâme !… La honte au front, la colère au cœur, il pensa que ces baisers, envoyés par sa sœur à un être invisible, s’adressaient peut-être au gladiateur Mont-Liban ; puis, enfin, les objets sinistres dont cette chambre était remplie frappèrent de nouveau les regards de Sylvest… ces têtes de mort aux longues chevelures, ces doigte de squelettes chargés de pierreries… cette main d’enfant fraîchement coupée… saignante encore… Et Siomara, étendue sur le lit de repos, sommeillait, paisible et riante, au milieu de ces débris humains… Il trouvait fatal ce ha-