Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 2.djvu/193

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de la bête ne convient qu’à l’encontre des tigres ou des lions… A-t-on affaire à un éléphant ? c’est une manœuvre contraire.

— Il y aura donc des éléphants à cette fête romaine ? Je ne croyais pas qu’il y eût à Orange de ces animaux ?

— Les édiles, voulant rendre le spectacle de demain non pareil dans la Gaule romaine, se sont mis en grands frais : ils ont acheté l’éléphant de combat du cirque de Nîmes ; on le dit féroce ; il est arrivé depuis plusieurs jours. Et ce n’est pas tout, car, par Jupiter, nos vénérables édiles font impérialement les choses : il y aura encore un combat extraordinaire, que je n’ai vu, moi, que deux fois en ma vie, une fois à Rome, l’autre à Alexandrie, en Égypte.

— Et ce combat extraordinaire, quel est-il ?

— Avant de t’en parler, mon fils, laisse-moi te donner un précepte excellent. Quant à l’éléphant, tu le vois venir à toi furieux, n’est-ce pas ?

— Oui…

— Tâche de ne pas te laisser enlacer dans les replis de sa trompe ; jette-toi à plat ventre, glisse-toi sous lui, et cramponne-toi à l’une de ses jambes de derrière… Aussitôt il te piétinera pour se débarrasser de ton étreinte ; or, en un instant, il t’aura brisé les os et aplati aussi facilement que tu aplatirais sous ton soulier un escargot dans sa coquille…

— Je tâcherai donc de m’adresser de préférence aux éléphants ; avec eux, il y a plus de chance de mourir vite…

— Certes ! mais il te faudra être preste et leste pour arriver l’un des premiers à la portée de l’éléphant ; il sera très-couru, et, dès son apparition dans l’arène, tu verras tous les esclaves condamnés aux bêtes se précipiter vers lui.

— Et ce combat extraordinaire dont vous parlez, offrirait-il une chance de mort plus prompte ?

— Non, non ! aussi, par Hercule, je ne te souhaite pas d’avoir à affronter ces monstrueux animaux. J’ai vu à Rome trois esclaves