Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 3.djvu/179

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ajouta en sortant précipitamment : – Je cours chercher mon ami Eustache, et à nos barques ! à nos barques !

Au moment où Marion sortait, plusieurs chefs de légions et de cohortes, instruits du débarquement des Franks par l’officier qui, porteur de cette nouvelle, avait sur son passage répandu l’alarme dans le camp, accoururent prendre les ordres du jeune général.

– Mettez-vous à la tête de vos troupes, — leur dit-il. — Rendez-vous avec elles au champ d’exercice. Là, j’irai vous rejoindre, et je vous assignerai votre marche de bataille ; je veux auparavant en conférer avec ma mère.

– Nous connaissons ta vaillance et ton génie militaire, — répondit le plus âgé de ces chefs de cohortes, robuste vieillard à barbe blanche. — Ta mère, l’ange de la Gaule, veille à tes côtés. Nous attendrons tes ordres avec confiance.

– Ma mère, — dit le jeune général d’une voix touchante, — votre pardon, à la face de tous, et un baiser de vous, me donneraient bon courage pour cette grande journée de bataille !!!

– Les égarements de la jeunesse de mon fils ont souvent attristé mon cœur, ainsi que le vôtre, à vous, qui l’avez vu naître, — dit Victoria aux chefs de cohortes ; — pardonnez-lui comme je lui pardonne…

Et elle serra passionnément son fils contre sa poitrine.

– D’infâmes calomnies ont couru dans l’armée contre Victorin, — reprit le vieux capitaine ; — nous n’y avons pas cru, nous autres ; mais moins éclairé que nous, le soldat est prompt au blâme comme à la louange… Suis donc les conseils de ton auguste mère, Victorin, ne donne plus prétexte aux calomnies… Nous te disons ceci comme à notre fils, à toi l’enfant des camps, dont Victoria la Grande est la mère : nous allons attendre tes ordres ; compte sur nous, nous comptons sur toi.

– Vous me parlez en père, — répondit Victorin, ému de ces simples et dignes paroles, — je vous écouterai en fils ; votre vieille