Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 3.djvu/212

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Et pour rassurer Victorin, elle déroula la bande dont sa main droite était enveloppée.

– Tu le vois, — ajouta-t-elle, — je me suis seulement coupée à deux endroits la paume de la main en tâchant de désarmer cette femme…

En effet, les blessures de ma sœur de lait n’offraient aucune gravité.

– Elwig armée ! — ai-je dit en tâchant de rappeler mes souvenirs de la veille. — Où a-t-elle trouvé une arme ? À moins qu’hier soir, avant de nous rejoindre à la nage, elle ait ramassé son couteau sur la grève, et l’ait caché sous sa robe.

– Mais, cette femme, à quel moment a-t-elle voulu vous frapper, ma mère ? Vous étiez donc seule avec elle ?

– J’avais prié Scanvoch de faire conduire cette Elwig chez moi vers le milieu du jour, dans la pensée d’être secourable à cette femme. Ellèn et Sampso me l’ont amenée… Je m’entretenais avec Robert, chef de notre réserve, nous causions des dispositions à prendre pour défendre le camp et la ville en cas de défaite de notre armée. On fit entrer Elwig dans une pièce voisine, et la femme et la belle-sœur de Scanvoch laissèrent seule l’étrangère, pendant que j’envoyais chercher un interprète pour me faire entendre d’elle. Robert, notre entretien terminé, me demanda des secours pour la veuve d’un soldat, j’entrai dans la chambre où m’attendait Elwig, je voulais prendre quelque argent dans un coffre où se trouvaient aussi plusieurs bijoux gaulois, héritage de ma mère…

– Si le coffre était ouvert, — m’écriai-je songeant à la sauvage cupidité de la sœur du grand roi Néroweg, — Elwig aura voulu, en vraie fille de race pillarde, s’emparer de quelque objet précieux.

– Tu l’as dit, Scanvoch ; au moment où j’entrais dans cette chambre, la femme franque tenait entre ses mains un collier d’or d’un travail précieux ; elle le contemplait avidement. À ma vue, elle a laissé tomber le collier à ses pieds ; puis, croisant ses deux bras sur