Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 3.djvu/214

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ture… Fassent les dieux que, comme Elwig, son frère, le roi Néroweg, ait aujourd’hui perdu la vie, et que sa race soit éteinte en lui, sinon je regretterais toujours de n’avoir pas achevé cet homme… Je ne sais pourquoi, il me semble que sa descendance sera funeste à la mienne…

Victoria me regardait, surprise de ces paroles, dont elle ne comprenait pas le sens, lorsque Victorin s’écria :

– Béni soit Hésus, ma mère ! c’est un jour heureux pour la Gaule que celui-ci !… Vous avez échappé à un grand danger, nos armes sont victorieuses, et les Franks sont chassés de nos frontières…

Puis, s’interrompant et prêtant au loin l’oreille, Victorin ajouta :

– Entendez-vous, ma mère ? entendez-vous ces chants que le vent nous apporte ?…

Tous nous avons fait silence, et ces refrains lointains, répétés en chœur par des milliers de voix, vibrantes de la joie du triomphe, sont venus jusqu’à nous à travers la sonorité de la nuit :

» — Ce soir nous disons : Combien étaient-ils donc, ces barbares ?

» — Ce soir nous disons : Combien étaient-ils donc, ces Franks ?… »