Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 6.djvu/14

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sacrer qui la paye. Eudes, l’usurpateur, meurt en 803. Cette fois, Karl-le-Sot monte sut le trône, et il règne encore en cette année 912, justifiant et de reste son surnom de Sot, hors d’état de résister aux pirates North-mans, aux grands seigneurs, aux évêques et aux abbés qui lui arrachent son royal héritage, ville à ville, domaine à domaine, province à province.

La voilà donc cette glorieuse lignée de Karl-le-Grand ! Louis-le-Pieux, Karl-le-Chauve, Louis-le-Bègue, Karl-le-Gros, Karl-le-Sot ! Un pieux, un chauve, un bègue, un gros, un sot ! rois imbéciles, lâches ou cruels, mourant par la peur, la débauche ou le poison ; les voilà donc tes descendants, auguste empereur ! Ton immense empiré démembré, la Gaule, l’Allemagne, l’Italie, ravagées durant un siècle, par les guerres parricides ou fratricides de leurs rois, envahies par les Arabes, les Hongrois, les North-mans, asservies, épuisées, par les seigneurs et les prélats. Voilà ce que tu as laissé après toi, auguste empereur, qui régnas sur le monde ! Les voilà, les voilà les fruits abhorrés de cette royauté fondée par la conquête des Franks ! Et maintenant lisez, fils de Joel, lisez, vous connaîtrez les maux affreux que ces rois, issus de Clovis, de Karl-Martel ou de Karl-le-Grand ont fait subir à la Gaule, notre mère patrie. Non, elle ne s’appelle plus la Gaule ; hélas ! ils lui ont volé jusqu’à son nom ! Ils l’appellent aujourd’hui de leur nom exécré : — la France !

La légende suivante se passe dans la cité de Paris, noble ville, qui, du temps de la vieille Gaule, fut vaillante parmi les plus vaillantes. Jusqu’à l’invasion de notre sol par César et plus tard par Clovis, les Gaulois de la contrée de Paris avaient vécu libres, comme les autres populations du pays ; des premiers ils prirent les armes contre les légions romaines. Labiénus s’étant, à la tête de troupes nombreuses, présenté devant Paris pour s’en rendre maître, les Parisiens, dans l’impossibilité défendre la ville, la livret héroïquement aux flammes, et se retirent sur les hauteurs qui dominent la ville. Un combat acharné s’y engage. — « L’on ne vit pas, » — a écrit César dans ses