Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 7.djvu/122

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Oh ! oh ! — dit Fergan en souriant ; car il connaissait le caractère impétueux de la jeune femme, — vous voici bien courroucée, ma voisine ?

— Qu’as-tu donc, Simonne ? — ajouta Martine ; — que t’est-il arrivé ?

— Rien, — reprit le talmelier en secouant la tête et répondant aux regards interrogatifs de Fergan, de Jehanne et de Colombaïk ; — rien, mes bons voisins.

— Comment ?… rien ? — s’écria Simonne en bondissant et se tournant vers son mari. — Ah ! de pareilles insolences pour toi ne sont rien ? — Le talmelier secoua de nouveau négativement la tête, et, profitant de l’occurrence pour se débarrasser de son casque, qui lui pesait fort, il le mit sous son bras. — Ah ! ce n’est rien, — reprit Simonne en s’adressant à Fergan et à Jehanne. — Je vous prends tous deux pour juges ; vous êtes gens sages et judicieux.

— Mais, Martine et moi, que sommes-nous donc, belle talmelière ? — dit en riant Colombaïk, — Quoi ! vous nous récusez ?…

— Je ne vous prends pour juges ni vous ni Martine, parce que vous seriez trop de mon avis, — reprit vivement Simonne en interrompant Colombaïk ; — maître Fergan et sa femme ne sont pas, que je sache, soupçonnés d’être des étourneaux ! ils décideront si je me courrouce… pour rien, — ajouta-t-elle en lançant de nouveau un regard indigné au talmelier, qui, très-embarrassé de sa longue épée, s’était assis en la plaçant en travers sur ses genoux après avoir déposé son casque à terre. — Voici donc ce qui est arrivé : — reprit Simonne ; — selon ma promesse faite hier à Martine de venir la chercher ici ce matin pour assister à la cérémonie de l’inauguration de notre beffroi, nous sortons, Ancel et moi ; en suivant la rue du Change, nous passons devant la fenêtre basse de la maison forte d’Arnulf, noble homme de Haut-Pourcin, comme il s’intitule.

— Je le connais, — dit Colombaïk ; — c’est l’un des plus forcenés épiscopaux de la ville.